Banques « low-cost » : Le Crédit Agricole en appelle à l’Etat
On ne peut pas dire que la sérénité règne à la tête des grandes banques françaises. Au milieu d’une guerre des prix impitoyable et de taux directeurs de la BCE extrêmement bas qui plombent les marges, l’ambiance n’est déjà pas au beau fixe. Mais quand les banques en ligne viennent jouer les trublions sur le marché en proposant des offres low-cost à prix cassés, certaines banques tirent la sonnette d’alarme : c’est le cas du Crédit Agricole.
Les banques « low-cost » tuent le marché
C’est par la voix de son directeur général, Philipe Brassac, que le mastodonte Crédit Agricole s’est indigné de la situation. D’après lui, les banques en ligne ne participent pas au financement des infrastructures financières sur lesquelles leur développement s’appuie pourtant. C’est un peu comme si EDF ne finançait pas du tout les infrastructures d’ERDF, alors qu’elle les utilise très largement pour distribuer son électricité. « Je pense qu’il est temps que les autorités se rendent compte qu’on ne peut pas laisser s’installer durablement des acteurs qui font la promotion de services dont ils ne paient pas les infrastructures », a déclaré M. Brassac, qui assure aussi la présidence de la Fédération Bancaire Française (FBF).
Ces infrastructures, ce sont les distributeurs de billets, cartes bancaires, terminaux de paiements, services de transports de fonds, … que les banques en ligne utilisent indirectement pas le biais de leur activité. Le problème, c’est qu’entre les principales banques en ligne déjà présentes sur le marché (ING Direct, Hello Bank!, Monabanq et de nombreuses autres) et celles qui ont ou vont prochainement entrer sur le marché (Orange Bank, N26, Compte Nickel, …) la concurrence fait rage, si bien que le marché commence à chauffer. Entre les banques qui ont raté le virage du numérique, celles qui sont un peu à la traine et celles qui sont déjà très avancées sur le sujet, les tensions s’accumulent.
Les pouvoirs publics doivent-ils réguler la situation ?
C’est clairement la volonté affichée par le président de la Fédération Bancaire Française (FBF), qui estime que cette situation crée une asymétrie concurrentielle qui n’est pas tenable. Seulement, il pourrait bien se casser les dents sur le nouveau gouvernement Macron. En effet, alors qu’il était encore locataire de Bercy, Macron a fait passer une loi sur la mobilité bancaire qui est rentrée en vigueur le 6 février 2017. Avec une telle loi qui œuvre plutôt dans le sens du libéralisme, ce n’est pas dit que le gouvernement fera passer un projet de loi pour répondre aux préoccupations de M. Brassac.
Avec ses 10% de parts de marché, la banque en ligne est encore loin d’inquiéter l’hégémonie des banques traditionnelles. Mais à terme, la situation pourrait bien finir par poser des problèmes.
Une entente est-elle possible ?
Le problème s’est déjà présenté par le passé, notamment sur le marché de l’énergie ou des télécoms. Des accords ont été signés afin de mutualiser les coûts liés à l’exploitation du réseau de distribution d’énergie, et d’œuvrer à la couverture réseau d’un maximum de Français. Peut-être qu’un accord de la sorte pourrait être signé au sein du réseau bancaire, mais il sera très compliqué à implanter. Les banques en lignes et autres FinTechs feront sûrement preuve de remontrances : elles préféreront continuer sur leur lancée, en jouant sur les flous juridiques qui accompagnent tout marché économique naissant.