La Fnac se dote d’une carte bancaire
Assisterait-on à une petite surchauffe sur le marché des services bancaires ? Alors que Carrefour a lancé son offre de banque de détail, et qu’Orange a repoussé une nouvelle fois le lancement de sa filiale Orange Bank, la Fnac a lancé sa propre carte bancaire, en partenariat avec Mastercard et le Crédit Agricole. Elle sera disponible pour les 5 millions d’adhérents Fnac, qui possèdent déjà la carte de fidélité de l’enseigne.
La Fnac cherche la fidélité de ses clients
Dans les faits, la carte Fnac sera plutôt simple : c’est un moyen de paiement adossé à un compte déjà existant : il n’y aura donc pas de compte courant Fnac. Le gros avantage est le suivant : 1% du montant de tous les paiements et retraits sera crédit sur le compte fidélité du groupe, et transformables illico en chèques cadeau. Et ce absolument gratuitement. Si le pourcentage est faible, il faut prendre un peu de hauteur de vue pour bien en comprendre l’intérêt : pour un montant de 2000€ dépensés, le client se verra offert un chèque cadeau de 20€ à utiliser dans un magasin Fnac.
Ce genre de « cagnotte » à laquelle on cotise par le biais de nos achats est encore peu répandue en France : on estime qu’il y a environ 1 Français sur 10 est membre d’un programme de ce genre. C’est un moyen efficace de recentrer l’attention et les achats des clients sur une enseigne : le pouvoir d’achat est gonflé artificiellement, et le volume des ventes grimpe mécaniquement.
Le programme emblématique de « fidélité Fnac » est sur un excellente dynamique, puisqu’il a gagné presque +30% sur les deux dernières années. La carte bancaire Fnac est un moyen de préserver cette dynamique, en récompensant les clients déjà en possession d’une carte fidélité, et en mettant une récompense supplémentaire sous le nez de ceux qui voudraient franchir le pas.
Lutter contre la concurrence d’Amazon Prime
Une fois de plus, la menace vient d’outre-Atlantique : le géant Amazon, dont le premier cœur de métier est la vente de livres, a déjà adopté le principe du cashback depuis longtemps. Il est d’ailleurs 6 fois plus répandu aux Etats-Unis qu’en France. Et dans le cas d’Amazon, c’est jusqu’à 5% du montant des achats qui est reversé sous forme de chèques-cadeaux.
Avec son compte Prime, la livraison gratuite dans un temps record et son célèbre service client, Amazon pourrait bien aspirer une partie de la clientèle Fnac. D’autres services, comme l’Amazon Pay, mais aussi les services de paiement mobiles d’Apple et de Samsung, forcent le groupe à réagir.
Car l’enjeu final est de réussir à prendre pieds sur ce marché du paiement en pleine explosion, grâce aux nouvelles technologies mobiles. Entre Carrefour et sa carte C-Zam, le projet Orange Bank, et bien d’autres idées : la concurrence fait rage. Parmi les acteurs déjà présents sur le marché, certains font le choix de l’élargissement : BforBank et Fortuneo ont par exemple ajouté les crédits immobiliers à leur portefeuille de services. Monabanq, quant à elle, a fait le choix d’une meilleure lisibilité et accessibilité, y pour ses clients aveugles & malvoyants. La façon dont le marché réagira à toutes ces modifications risque d’être très intéressante dans les années à venir.