Le Maire veut faire de la Banque postale le meilleur allié des entrepreneurs
Par le biais d’un communiqué la semaine dernière, le nouveau ministre de l’Economie et des Finances publiques, Bruno Le Maire, s’est exprimé en faveur d’une modification de la politique de la Banque Postale à l’égard des entrepreneurs, et de l’octroi de prêts bancaires de faible montant. Cette demande peut-elle aboutir à des résultats concrets ?
Une volonté hautement politique de Bercy
Le timing de cette demande n’est pas anodin : elle intervient quelques jours après l’inauguration en grandes pompes de la Station F, le plus grand incubateur de start-ups du monde, adossé à la Bibliothèque Nationale de France, dans le 13ème arrondissement de Paris. Le Président Macron y a délivré un discours mettant l’emphase sur l’esprit entrepreneurial et la volonté individuelle, trop souvent décriés dans la mentalité française. Aux côtés de Xavier Niel, fondateur de Free et business angel de premier plan en France, mais aussi d’autres acteurs importants de France Digitale et de l’écosystème French Tech, M. Macron a donné la vision d’un quinquennat dominé par l’esprit d’entreprise. Un idéal déjà rallié par Facebook, Microsoft, Thalès, HEC Paris et bien d’autres acteurs économiques de premier plan.
Bruno Le Maire ne veut « plus jamais [entendre] un très petit entrepreneur qui a besoin de 5.000, 10.000, 15.000 euros [lui] dire que c’est impossible de trouver cette somme-là. » Aussi simple que ce problème soit, il est pourtant compliqué à résoudre. Les entrepreneurs se heurtent en effet à une forte aversion du secteur bancaire, qui cherche par essence à minimiser le risque de ses placements et en tirer un rendement maximal. L’investissement dans l’économie réelle, l’innovation, l’entrepreneuriat social et solidaire, n’ont pas de retours sur investissements assez rapides ou lucratifs.
Ouvrir le financement aux entrepreneurs
Si vous posez la question aux entrepreneurs de votre entourage, la question reste toujours la même : il est difficile aujourd’hui d’accéder à des fonds pour développer son entreprise. Ce besoin en fonds de roulement, crucial pour les petits business qui n’ont pas encore de produit fini à commercialiser ou qui sont en plein démarrage d’activité, est un Graal dont l’acquisition relève de l’exploit.
Des initiatives émergent afin de faciliter la vie de ces entrepreneurs : dans le secteur public, l’Etat a mis en place des exonérations d’impôts sous les quinquennats précédents, et des structures ont émergé telles que la Banque européenne d’investissement, ou BPI France. Dans le privé, les établissements bancaires traditionnelles restent bien trop rigides, et les banques en ligne se concentrent encore sur une clientèle B2C. Ce sont peut-être les entrepreneurs eux-mêmes qui apportent les meilleures réponses : Tide et Qonto, ainsi que des fonds de capital-risque comme Breega Capital se mobilisent pour faciliter le premier contact entre les TPE/PME et l’univers bancaire.
Et peut-être que la Banque Postale l’a compris, bien avant l’appel du pied de Bercy : la banque a fait l’acquisition à 100% de KissKissBankBank & Co la semaine dernière. Avec l’expertise de la célèbre plateforme de crowdfunding dans le financement de l’économie réelle, la Banque Postale pourrait bien essayer de briser cette barrière, et entrer de plain-pied dans l’ère de l’entrepreneur.